L’artisanat a su s’adapter aux transformations des modes de production tout en offrant une échappatoire aux conditions de travail dans les grandes entreprises. Sophie Boutillier, docteur en sciences économiques et en sociologie, professeure des universités et membre du Centre de recherche sur l’innovation et les stratégies industrielles (ISI. Lab.RII) à l’université du Littoral-Côte d’Opale, a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet parmi lesquels, avec Cédric Perrin, Artisanat d’art. Créativité et esprit d’entreprise (Le Manuscrit, 2025). Elle souligne la diversité de l’artisanat qui se définit d’abord par la taille de l’entreprise, explique la place qu’il occupe dans le capitalisme contemporain et fait le constat de son dynamisme dans un contexte de déshumanisation croissante au sein des grandes entreprises.

Laurent Ottavi (Élucid) : Quelles sont les origines de l’artisanat et quelle place occupe-t-il dans notre société ?
Sophie Boutillier : L’artisanat est très ancien. En tant que catégorie socio-économique, par contre, il a seulement 100 ans puisque nous fêtons cette année le centenaire des Chambres de métiers et de l’artisanat. La catégorie d’artisanat remonte au lendemain de la Première Guerre mondiale, à un moment de fort chômage et où beaucoup de femmes qui se retrouvaient veuves ont eu besoin de créer un petit commerce pour subvenir à leurs besoins. L’artisanat est alors apparu comme un moyen d’encadrer le développement d’un certain nombre d’activités, plutôt manuelles.
L’artisanat est une activité très réglementée, et bien définie. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles l’artisanat perdure alors qu’on pourrait y voir une survivance d’un passé industriel révolu. On dénombre à peu près 1,9 million d’entreprises artisanales en France aujourd’hui, ce qui correspond à peu près à 3,1 millions d’actifs.
Depuis le début du XXIe siècle, les Chambres des métiers et de l’artisanat ont reconnu le statut de micro-entreprise. Il est donc possible de créer une entreprise artisanale en tant que micro-entrepreneur. C’est le cas de 2 artisans sur 5 aujourd’hui. Ce sont souvent des jeunes et/ou des femmes. Ils peuvent cumuler plusieurs activités, mais ils ont un taux de mortalité supérieur à la moyenne des entreprises artisanales.
Élucid : Quels sont les principaux critères d’une entreprise artisanale et quels domaines sont les plus représentés ?
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